De sa découverte à 1700
03-10-2007

 

de sa decouverte a 1700Il semble bien que les Arabes soient les premiers découvreurs de La Réunion, bien qu'ils ne l'aient jamais exploitée. Une carte de 1153, dressée par le géographe arabe, Al Sharif el-Edrissi, montre que les trois îles des Mascareignes portaient les noms de Dina Arobi (île Maurice), Dina Margabin (île de La Réunion) et Dina Moraze (île Rodrigues).

La légende voudrait que, parmi les Européens, ce soit des navigateurs portugais qui s'y seraient d'abord intéressés. On ne sait pas exactement si ce fut Tristan de Cunha qui aurait découvert l'île ou plutôt Diego Fernandes Pereira, Diego Lopes de Segueira ou Pedro Mascarenhas. De plus, les dates varient d'un historien à l'autre. On sait cependant que l'actuelle île de La Réunion a été abordée, le 9 février 1507, le jour de la Sainte-Apolline, et qu'elle a été baptisée Santa Apolonia. Lorsque les navigateurs portugais se rendaient aux Indes, l'île Santa Apolonia leur servait d'escale sur la route des épices. Ainsi, Diego Lopes de Sequeira a débarqué sur l'île en 1509 et Pedro Mascarenhas en 1512; le pilote Diego Fernandez Pereira a signalé l'île en 1516 pour qu'elle figure sur les cartes. En 1520, le navigateur Pedro Mascarenhas nomma Islas Mascarenhas (en français: îles des Mascareignes) l'archipel réunissant les îles Maurice, Rodrigues et Santa Apolonia. De retour des Indes en 1528, le navigateur Mascarenhas fit escale à Santa Apolonia pour décharger une cargaison de porcs, de chèvres, de boeufs et de singes, qu'il laissa en liberté. Ainsi, lorsque les circonstances s'y prêtaient, les navigateurs portugais accostaient et déposaient leur trop plein, que ce soit des plantes, des fleurs ou des animaux. Enfin, le 24 mars 1613, un pirate anglais, Blackwelle, s'y arrêta et lui donna le nom de England's Forest parce qu'il trouva l'île fort boisée.

La pointe des Galets, au PortEn somme, l'île Santa Apolonia semblait susciter tellement peu d'intérêt que Portugais, Hollandais et Anglais y débarquèrent sans même en prendre possession. D'après les récits de l'époque, il était très difficile d'accoster à l'île en raison des accidents de terrain sur le littoral ; c'est ce qui expliquerait ce manque d'intérêt envers l'île de la part des navigateurs du XVIe siècle. De son côté, l'île Maurice, plus au nord, bénéficia d'un intérêt plus marqué en raison de ses côtes qui, davantage érodées et accueillantes, paraissaient plus abordables pour les navires. C'est seulement en 1638 que l'île Santa Apolonia fut abordée par un voilier français, le Saint-Alexis. Ce navire se dirigeait vers les Indes. Après avoir accosté en juin à l'île Rodrigues dans l'archipel des Mascareignes, le commandant du Saint-Alexis, Allonse Goubert, aurait pris possession de l'île Santa Apolonia vers la fin du même mois en attachant à un tronc d'arbre un blason aux armes du roi Louis XIII. Cette coutume, fréquente à l'époque, aurait été utilisée également par les Hollandais pour l'île Maurice. Toutefois, aucun Français ne demeura sur l'île Santa Apolonia. Évidemment, il ne reste aujourd'hui aucune trace visible de la "prise de possession pour le Roy" par les navigateurs français de cette île jusque-là inhabitée. En 1642, le gouverneur de l'île de Madagascar, Jacques de Pronis, embarqua sur un navire de la Compagnie française de l'Orient fondée par le cardinal de Richelieu (ministre de Louis XIII). De Pronis prit à nouveau possession de l'île qu'il nomma Mascarin et y planta un drapeau à un endroit qui se nomme encore aujourd'hui La Possession. Puis, il poursuivit sa route vers l'île de Madagascar pour exercer ses fonctions. En 1646, 12 mutins de l'île de Madagascar se rebellèrent contre les autorités françaises installées à Fort-Dauphin (au sud de l'île). Plutôt que de les exécuter ou de les livrer aux Malgaches, le gouverneur Jacques de Pronis décida de les exiler sur l'île Mascarin (un des anciens noms de La Réunion ). En 1649, Étienne de Flacourt fut envoyé par la Compagnie de l'Orient à Fort-Dauphin pour rétablir l'ordre à Madagascar,et renvoya Jacques de Pronis en France. Après avoir rapatrié les 12 mutins qui furent retrouvés en excellente santé, le gouverneur de Flacourt se mit à s'intéresser à l'île Mascarin. En décembre 1649, Étienne de Flacourt et le capitaine du Saint-Laurent, Roger Lebourg, prirent pour la seconde fois possession de l'île au nom du roi Louis XIV. Cette fois, ils baptisèrent l'île du nom de Bourbon, en l'honneur de la dynastie régnante. Mais en dehors des animaux que les marins déposaient à chacun de leur passage, la toute «nouvelle» île Bourbon resta vide de tout habitant. À la suite d'une nouvelle révolte à Madagascar, le gouverneur de Flacourt expédia à Bourbon (La Réunion) le chef des mutins avec 13 compagnons, six Noirs, quelques animaux et des semences. Ces Français s'établirent à Saint-Paul, mais ils quittèrent tous l'île Bourbon après qu'un cyclone eut dévasté leurs plantations. Ainsi, il ne subsiste aujourd'hui aucune population d'origine française de cette époque dite précoloniale.

La colonisation réelle de l'île Bourbon (La Réunion) fut le résultat de la politique du ministre Colbert. Pour ce dernier, l'île Bourbon devait servir d'escale, c'est-à-dire être une étape vers la conquête de l'île de Madagascar. Pour concurrencer les autres pays européens, Louis XIV et Colbert créèrent la Compagnie des Indes orientales en 1664. Afin d'attirer des capitaux, ils lui accordèrent un monopole commercial dans l'océan Indien pendant 50 ans et lui donnèrent la souveraineté de Madagascar, ainsi que des îles voisines et des futurs territoires à conquérir. La Compagnie des Indes orientales avait pour mission d'assurer la mise en valeur de l'île Bourbon et de son développement grâce aux plantations de café . Les voyages étant longs (de quatre à six mois, souvent davantage), la Compagnie des Indes installa des comptoirs commerciaux dans l'océan Indien, notamment en Afrique et à Madagascar (Fort-Dauphin), puis dans l'archipel des Mascareignes (île Bourbon) et en Inde. L'île Bourbon reçut ses premiers colons en 1665 et c'est à partir de cette date qu'on atteste la présence des femmes sur l'île. Cette colonie naissante était composée d'une vingtaine de personnes dirigées par Étienne Régnault de la Compagnie des Indes, le premier «commandant» officiel de Bourbon. En 1667, plus de 200 Français débarquèrent sur l'île et, en 1671, un nouveau contingent de 13 nouveaux colons arriva de Madagascar; ils étaient accompagnés de quelques Esclave noirs et cinq d'entre eux avaient une épouse malgache. La pénurie des femmes d'origine française fut signalée dès 1674. Quelques années plus tard, on réussit à faire venir quelques filles françaises «recrutées» à l'Hôpital général de la Salpêtrière (Paris) et jugées «aptes pour les îles». En novembre 1678, quatorze jeunes filles en provenance de l'Inde s'installèrent dans l'île et se firent immédiatement épouser; elles furent à l'origine de 109 naissances réunionnaises. En 1690, la population de Bourbon comptait encore 200 habitants, surtout des Français, mais aussi des Italiens, des Espagnols, des Portugais, des Allemands, des Anglais, des Hollandais, des Indiens et des Malgaches (esclaves). À la toute fin du XVIIIe siècle, l'île Bourbon comptait 297 femmes sur un total de 734 habitants. Dès le début de la colonisation de l'île Bourbon, il a existé une pratique de l'esclave, alors que cette pratique était interdite par un Edit royal de 1664. Afin de contourner cet Edit, le terme esclave ne fut pas employé, on parlait plutôt de «serviteurs», de «domestique» ou de «Noir».

 

 
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